D’où viennent les méridiens chinois ? Du Taoïsme au Yin Yoga
Cette article fait la synthèse de la 20ème conférence sur la philosophie du yoga organisée par Yogom. Sebastian et Murielle ont présenté le sujet de la Médecine Traditionnelle Chinoise MTC et de son lien avec les méridiens et le Taoïsme.
Dans son approche énergétique, le Yin Yoga propose deux courants : l’un qui se base sur le système tantrique des chakras, plus classique au yoga, et l’autre sur le réseau des méridiens dans l’approche de la Médecine Traditionnelle Chinoise. Le Yin Yoga met la MTC en avant, puisant dans ses racines Taoïstes.
QUI SONT SEBASTIAN ET MURIELLE ?
Fondateurs de l’école de yoga “With Yin Yoga”, ils enseignent le Yin Yoga depuis 2011 en France et dans le monde.
Formés par les fondateurs du Yin Yoga, le couple continue d’étudier avec Paul et Suzee Grilley, qui recommandent leur enseignement.
Dans cet article :
- Les origines de la Médecine traditionnelle chinoise
- Une découverte bouleversante grâce à la momie Otzi
- Une origine chamanique de la Médecine chinoise
- L’âge d’or de la Médecine chinoise
- De la médecine classique chinoise à la médecine traditionnelle chinoise
- Les 3 trésors de la Médecine chinoise
- Les 5 éléments en Médecine chinoise
- Le Yin Yoga et les 5 élèments
- Conclusion
Les origines de la médecine traditionnelle chinoise
De nombreuses personnes font profession dans la médecine traditionnelle chinoise ou dans les arts énergétiques en général, qui vont comporter le Qi Gong, et arts martiaux, les connaissances médicales, les connaissances divinatoires et cosmologiques comme le yi king, les connaissances philosophiques avec le taoïsme, médicinales avec la médecine traditionnelle chinoise, la pharmacopée ainsi que l’acupuncture, le Tui Na, la moxibustion, etc.
C’est vraiment un pan entier de la civilisation chinoise lorsqu’elle brillait et était à son apogée. Il y a trois grandes religions qui ont marqué la Chine : le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme. On peut voir que ces trois grands courants philosophiques ou religieux (on peut les considérer comme l’un ou comme l’autre) se sont recoupés à un moment donné et ont donné énormément de branches, d’écoles et de traditions différentes.
Dans cet article, nous allons nous intéresser à la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et au Yin Yoga. L’ approche taoïste et celle de la MTC sont fascinantes de part leurs approches holistiques qui ne divisent ni fragmentent les différents aspects d’un être humain, mais qui sont plutôt soucieuses de créer du lien entre les différentes couches qui nous composent. C’est-à-dire les différents corps : physique, astral et causal. Cela touche à toutes les facettes et toute la complexité d’une personne. Deux choses fondamentales forment la MTC : le réseau des méridiens appelé JingLuo, et le Qi (ou Prana en Yoga).
Une découverte bouleversante grâce à la momie otzi
Nous ne sommes pas sûrs de l’origine de la médecine traditionnelle chinoise : nous ne savons pas exactement quand commence la connaissance des méridiens du corps et l’appréhension du Qi. Nous ne sommes pas sûrs que ce soit les chinois qui ont fait ces découvertes ? Cela a été remis en cause, principalement en 1991 en Europe, lors de la découverte de la plus vieille momie d’Europe, Ötzi. Cet homme a été trouvé dans les Alpes de l’Ötzal, d’où son nom, entre l’Autriche et l’Italie. Cette momie a été trouvée par hasard par deux marcheurs qui regardaient dans une crevasse, et qui ont aperçu ce corps qui sortait de la glace. La science s’y est intéressée et les scientifiques se sont aperçus que la date de la mort d’Ötzi est très ancienne, même préhistorique : c’est une momie vieille de 5000 ans. Celle-ci a été extrêmement bien conservée par la glace, et des études poussées ont permis d’obtenir beaucoup d’informations sur le mode de vie de cette époque. Des scientifiques à tour de rôle ont étudié Otzi pendant de nombreuses années. Otzi représente une mine d’information sur le mode de vie de l’homme (et de la femme) d’il y a plus de 5000 ans. Parmi de nombreuses découvertes, ils ont remarqué quelque chose de très curieux : cet homme avait des tatouages. Rien d’étrange à cela car les tatouages ornementaux étaient déjà arborés à cette époque, sauf que celui-ci portait des tatouages à des endroit non visibles et incongrus, ce qui différait des autres cas : Ötzi avait 15 tatouages sous forme de traits et de croix le long de la colonne vertébrale, à l’arrière de la jambe, autour des poignets et autour des chevilles. Ils se sont rendu compte que les tatouages correspondaient au réseau des méridiens à pratiquement 100%. C’est la première preuve scientifique des méridiens dans l’histoire de l’humanité qui a été trouvée en Europe et non en Chine, ce qui propulse l’origine de l’acupuncture 2500 ans plus tôt qu’ils ne pensaient (les découvertes sur l’acupuncture se situent autour de 2000 avant notre ère). Bien que la civilisation chinoise soit la principale civilisation à développer cette médecine, ceci est venu chambouler les connaissances sur l’origine et le point de départ exact de l’acupuncture.
Une origine chamanique de la Médecine Chinoise
En Chine, on situe les origines de la médecine chinoise aux alentours de 2000 avant notre ère, provenant de la dynastie Shang. La MTC puise son essence dans le chamanisme, qui est ni plus ni moins la mère de toutes les spiritualités. Le chamanisme est ancien d’environ de 40 000 à 100 000 ans. On retrouve en effet des éléments du chamanisme dans toutes les civilisations qui avaient développé des formes d’animisme. Un chaman est un médium entre le visible et l’invisible, entre le tangible et l’intangible. La Chine n’a pas dérogé à la règle, et avait donc spirituellement parlant une origine chamanique. C’est là où l’origine de la médecine chinoise prend place. Le chamanisme inclut de nombreux rituels, dont des sacrifices afin d’apaiser les dieux et entités spirituelles, des formes d’exorcisme pour repousser les esprits ou les manipuler. Mais aussi de la scapulomancie, un art divinatoire qui permet de lire l’avenir dans les os d’animaux, et la moxibustion (faire passer de la chaleur à certains points du corps par le biais d’ une plante).
À savoir que le statut de la médecine chinoise a rencontré beaucoup de fluctuations à travers les grandes dynasties chinoises. Il y a eu des points clés dans ces dynasties. C’est à partir de 220 après la mort de J.C. que la Chine a vraiment commencé à se développer à travers le taoïsme et le confucianisme, et plus tard le bouddhisme qui a été importé d’Inde. C’est là que les structures claniques et féodales de la Chine se sont mises à changer et que le taoïsme est entré dans la pensée chinoise. On dit que l’auteur du taoïsme est Lao Tseu, qui aurait écrit le Dao de jing, un des livres principaux du taoïsme. Mais il y a d’autres célèbres philosophes, physiciens et cosmologues qui ont aussi écrit sur le taoïsme, comme Zhuangzi ou Tchouang-tseu. Ils ont développé à cette période bien d’autres connaissances autour de la médecine chinoise comme, par exemple, la mesure des points d’acupuncture, que l’on appelle « cun ». Ils ont aussi développé la prise de pouls qui est l’outil principal pour faire un diagnostic du corps, mais aussi la chirurgie et même l’anesthésie : c’était l’âge d’or de la civilisation chinoise, et cela continue pour au moins mille ans.
L’âge d’or de la médecine chinoise
L’âge d’or de la Médecine Chinoise se situe entre 220 avant J.C. jusqu’à 900 après J.C., à travers trois grandes dynasties : Xin, Han et Tang. Un petit peu plus tard, la dynastie Song, en 900 après J.C environ, a aussi eu un impact majeur dans la diffusion des connaissances dans ce qui est dorénavant l’Empire chinois, notamment grâce à l’invention de la presse à imprimer. Il n’existe à cette époque plus de clans et la Chine s’est unifiée en Empire. Le fait d’imprimer les connaissances permettait de diffuser celle-ci à grande échelle dans l’immensité du pays, sans les déformer par le bouche à oreille. Ces dynasties ont notamment développé des facultés à la cour impériale, où l’on pouvait suivre un cursus, pour devenir ce que l ’on appelle un « physicien chinois ». Les physiciens avaient une approche holistique : ils n’avaient pas seulement des connaissances dans le domaine médical, mais aussi sur les phénomènes naturels, la cosmologie, la philosophie, etc.
De la médecine classique chinoise à la médecine traditionnelle chinoise
La médecine en Chine a connu beaucoup de hauts et de bas à travers ses différentes dynasties, l’empereur jouait un rôle prépondérant quant à la direction à prendre concernant la médecine du pays et toutes autres activités de l’empire. Jusqu’à 1200 environ, on appelle cela la médecine classique chinoise, et non la médecine traditionnelle chinoise. Au 15ème siècle, on voit arriver le déclin de la civilisation taoïste et chinoise, au profit de la nouvelle ère industrielle et de la science occidentale que nous connaissons.
La révolution culturelle
Faisons un bond dans l’histoire, Mao Tsé-toung étant le plus connu des grands réformateurs de la Chine ancienne aux alentours de 1949, Il y a eu une guerre civile entre le parti national chinois (dirigé par Tchang Kaï-chek) et le parti communiste chinois (dirigé par Mao Tsé-toung). Ce dernier a remporté cette longue guerre civile et a pris les commandes de la Chine étant supporté par Staline et le bloc communiste de l’URSS. Le communisme étant athé considérait la médecine chinoise comme folklorique et chamanique. Le régime qui ne supportait pas ces croyances a entamé un autodafé et a donc brûlé toutes les connaissances écrites de la médecine chinoise basées sur les croyances chamaniques du taoïsme et du bouddhisme. Ils ont détruit toutes les effigies de déités, les temples et ont enfermé, torturé ou assassiné tous les opposants de ce régime. Mao Tsé-toung a donc totalement changé la face de la de la pensée chinoise et la médecine n’a pas été épargnée par ce régime autoritaire. Sa volonté était de scientiser et de simplifier la médecine chinoise : il a changé le nom en l’appelant la médecine traditionnelle chinoise. Or, la médecine traditionnelle chinoise n’est pas réellement traditionnelle car elle a été dénaturée : Mao Tsé-toung et son régime ont pris soin de retirer tous les côtés ésotériques, chamaniques et mystiques de la médecine chinoise. Alors que l’origine de cette médecine est précisément ésotérique puisqu’elle relie le corps physique et l’invisible. De 1949 jusqu’en 1970 environ, Mao Tsé-toung a fermé les frontières de la Chine pour mener sa révolution culturelle.
La médecine chinoise dénaturée
Aujourd’hui, on apprend généralement une médecine chinoise qui a été dénaturée : ce qu’on appelle la médecine traditionnelle chinoise ou MTC. Mais l’origine de la médecine chinoise fascine encore, c’est ce qu‘on appelle la médecine classique chinoise (MCC). On retrouve les origines du taoïsme et de la médecine chinoise aussi dans les arts martiaux, les arts divinatoires comme le Yi King, et les arts alchimiques comme le Nei Jing Tu.
La médecine chinoise telle qu’on la connaît aujourd’hui est donc bien différente de ce qu’elle était à l’époque, mais aussi de ce qu’elle aurait pu être s’il n’y avait pas eu la « Révolution culturelle » en Chine. L’Occident, qui ne croit pas dans les méridiens ni le Qi, par absence de preuve scientifique, jugeant ces concepts comme folkloriques, s’est quand même intéressé à la médecine chinoise. L’acupuncture a été acceptée par la médecine occidentale, en prenant un angle inattendu, par une branche de l’acupuncture appelée Acupuncture Anesthesia AA, qui permet l’anesthésie par l’implantation d’aiguilles dans le corps. Cela a provoqué beaucoup d’intérêt de l’Occident pour la MTC et l’acupuncture en particulier. Surtout après la parution d’un article en 1971 par le New York Times, en effet au moment de la visite de Nixon en Chine, un des nombreux journaliste a fait l’expérience directe d’anesthésie par acupuncture, après une appendicectomie. Il est intéressant de savoir comment la Chine et l’Occident ont échangé leurs connaissances et comme celles-ci se chevauchent, afin d’observer les incompréhensions qui existent, dues à une différence de culture importante.
Les 3 trésors de la médecine chinoise
L’un des concepts les plus importants de la MTC est ce qu’on appelle le San Bao. C’est ce qu’on pourrait traduire par « les 3 trésors ». On retrouve le San Bao dans les arts énergétiques (les arts martiaux), dans l’alchimie et la médecine. C’est une approche compréhensive énergétique et alchimique de l’être humain. Ces trois trésors sont : Jing, Qi, Shen. Ce sont trois aspects de l’énergie de l’Être humain, et son rapport à l’environnement, qu’il soit local ou cosmique. La pensée chinoise est grandement influencée par la pensée taoïste, et celle-ci considère l’individu comme le pont entre le ciel et la terre : entre le champ électromagnétique de la Terre, et celui du Cosmos.
Le Jing
Le Jing serait la base matérielle du corps physique : c’est une substance matérielle et immatérielle que l’on trouve dans les reins. En effet, avant la naissance lorsque le fœtus se forme, on reçoit un afflux énergétique de nos parents : ce qu’on appelle le Jing inné. C’est notre patrimoine énergétique, que l’on peut comparer en partie à l’ADN : notre Jing est propre à nous. C’est l’héritage énergétique qui se transmet de générations en générations. On l’appelle aussi le Jing prénatal ou le ciel antérieur. C’est ce qui va définir notre constitution, notre physiologie, notre morphologie, nos appétences, nos inclinaisons psychologiques, etc. On obtient ce Jing inné en quantité finie : certaines personnes en ont beaucoup, et d’autre peu, et la qualité du Jing va différer d’une personne à l’autre. Il est dit dans le Huangdi Nei Jing (ou Classique interne de l’empereur Jaune), un des plus ancien ouvrage officiel sur la médecine chinoise, que le Jing circule dans le corps sur des cycles de 8 ans pour les hommes, et tous les 7 ans pour les femmes. C’est-à -dire qu’à tous ces changements de cycles, du Jing est relâché dans notre corps pour passer au cycle suivant. Cela veut aussi dire que petit à petit, les réserves de Jing s’amoindrissent : moins on a de Jing, moins on a de temps à vivre cette vie physique. Quand il n’y a plus de Jing, il n’y a plus de vie physique. Il existe aussi un Jing acquis, aussi appelé Jing postnatal ou ciel postérieur. Le Jing acquis, c’est l’énergie que l’on acquiert principalement à travers notre alimentation, notre respiration, et le repos. Cela va venir remplacer partiellement le Jing inné que nous avons perdu, mais jamais complètement. En ayant une vie saine, on peut donc augmenter notre durée de vie physique, et mieux vieillir en conservant et préservant notre Jing. Le jing serait plus matériel et pourrait ainsi être considéré plus proche de l’énergie terrestre.
Le Qi
Le Qi est assez difficile à traduire, on le traduit souvent par énergie vitale ou plus justement, souffle vital. À savoir que lorsque le mot Qi est prononcé en Chinois, on ne parle jamais d’énergie pour désigner le Qi, on parle donc plutôt du souffle (au sens spirituel). Le Qi n’est pas une énergie mécanique : c’est quelque chose qu’on ne peut pas observer avec nos cinq sens. La science en Occident est une science empirique basée sur ce qui est mesurable et quantifiable, or les connaissances chinoises allaient au delà des cinq sens par des explorations de conscience modifiée, et accédait à tous les corps de l’être humain (physique, astral et causal), les 2 derniers n’étant pas observables avec les cinq sens conventionnels. C’est pourquoi dans la compréhension occidentale, le Qi est considéré comme une énergie, alors que dans la compréhension chinoise ancienne, le Qi est plutôt un esprit, une entité, ou une conscience. On retourne encore une fois aux racines du chamanisme. Le Qi n’est pas simplement de l’énergie à faire circuler mécaniquement, c’est une entité avec qui on doit communiquer. Le Qi est en mouvement constant : c’est sa principale qualité. Il peut se contracter, se dilater, se condenser, se transmuter,… Il change tout le temps en fonction de sa localisation et de son rôle à remplir. C’est pourquoi le Qi est difficilement explicable par la science : celle-ci explique parfois le Qi comme les fluctuations calorifiques dans le corps, ou encore des influx électriques, ou un rayonnement électromagnétique, etc. Mais tous ces éléments mesurables ne constituent que des conséquences des mouvements du Qi, mais pas son essence. Le Qi n’est pas mécanique mais vivant, changeant, et adaptable possédant son intelligence. Pour résumer, le Qi permet au corps de penser et de bouger : il est la base de toute transformation, et serait un composant de la conscience mutable de l’homme.
Le Shen
Le Shen est la conscience organisatrice derrière ces fluctuations énergétiques. On pourrait traduire le Shen par notre esprit, notre psyché ou même notre âme. Tout l’aspect spirituel de l’homme sera régi et organisé par une conscience qui s’appelle le Shen (ou les Ben-Shen). C’est ce qui préside aux émotions et aux vertus. On observe d’ailleurs que les chinois sont très pragmatiques et ordonnés, et que chaque émotion est classifiée par rapport à un élément, un organe avec des vertus spécifiques (qualités spirituelles, psychiques, et psychologiques). Le shen a une nature plus céleste et éthérique, et se rapproche du cosmos.
Jing, Qi et Shen sont donc les trois trésors énergétiques de l’être humain dans son contexte, qu’il soit local (l’environnement) ou cosmique. La médecine chinoise considère l’humain comme un tout, et un pont entre la Terre et le Ciel. permettant à l’homme de voyager entre ces deux dimensions, à travers la manipulation du Qi.
Les 5 éléments en médecine chinoise
En médecine chinoise, les cinq éléments sont le Wu Xing :
- l’eau,
- le bois,
- le feu,
- la terre,
- le métal.
On les appelle souvent les cinq éléments mais si on voulait être plus précis, on les appellerait les 5 phases, ou les 5 mouvements. À l’origine, le Wu Xing vient de la cosmologie, puis a été utilisé en médecine à travers notre relation au cosmos (toujours ce souci de la relation que l’on a avec l’univers qui nous entoure). On peut donc parler de microcosme avec la médecine, et de macrocosme pour la cosmologie. Souvent les cinq éléments ou Wu-Xing sont comparés aux cinq éléments de l’ayurvéda (mahabhutas) ou de la philosophie Samkhya, mais il n’est pas pertinent de les comparer car l’approche n’est pas la même. Les mahabhutas (les cinq grands éléments en sanskrit) sont développés à l’origine à partir de la philosophie Samkhya qui a touché la médecine ayurvédique. Les cinq éléments ayurvédiques sont : la terre, l’eau, le feu, l’air et l’espace (ou l’éther). Ce ne sont donc pas les mêmes éléments qu’en médecine chinoise, puisque la philosophie Samkhya décrit ces éléments comme la genèse de tous les phénomènes physiques, qui eux sont considérés comme un agrégat d’éléments, et selon le ratio de ces éléments, on a des manifestations physiques différentes.
Les changements énergétiques de l’univers :
Les 5 éléments dans la médecine chinoise nous parlent davantage des changements énergétiques de l’univers, et non pas de leur composition. C’est à dire que le Jing Qi Shen que l’on a décrit plus haut ne fait en réalité partie que d’un seul Qi. Les 5 éléments de la médecine chinoise nous expliquent donc la diversité énergétique de l’Univers, et de la relation énergétique qu’ils ont entre eux. À savoir que le concept de Qi n’est pas spécifique à la Chine, et qu’on le retrouve dans plein de civilisations et cultures différentes (le Prana, le Pneuma, le Grand Esprit, le Manas, le Ka etc) : c’est un concept qui est transversal et qui s’est révélé à certaines traditions.
Un système déductif et inductif
Pour en revenir aux 5 éléments de la médecine chinoise (eau, bois, feu, terre, métal), ils forment une grille de lecture pour les changements énergétiques de tous les phénomènes que l’on peut rencontrer. C’est un système inclusif qui a été repris principalement par le philosophe et cosmologiste Zhou Yen aux alentours de 300 après J.C. À savoir que le Dao de jing et le concept de Yin et Yang sont antérieurs à ces découvertes. Cela est important car c’est à cette période que l’on commence à classifier et ordonner les connaissances qui jusque-là étaient plutôt au stade d’intuitions, de perceptions et de visions. Ils ont donc commencé à développer un système déductif et inductif, à travers l’observation de la nature : on voit l’apparition des premières écoles naturalistes. On y a classifié selon les niveaux cosmiques (le Ciel, l’Homme et la Terre), les 4 saisons, les 5 éléments, les 6 climats, les 5 viscères Yin, les 6 viscères Yang, etc. On a donc constitué des grilles de lecture qui peuvent être enseignées, et non plus seulement basées sur l’intuition et les visions. Parmi ces systèmes, celui des 5 éléments ressort beaucoup car il est central.
Le Yin Yoga et les 5 éléments
Pour faire le lien avec le Yin Yoga, ce dernier est souvent associé au système des 5 éléments. On va développer des cours de Yin yoga pour chacun des éléments. Chaque élément a une spécificité et va toucher l’être humain sur ses différentes couches (physique, émotionnelle, psychologique et spirituelle). D’où l’intérêt de connaître l’élément, de l’appréhender, de communiquer avec lui, puisqu’il nous révèle ses secrets et aussi des aspects de notre personne/être. Par exemple l’élément de l’eau sera plutôt lié au rein et à la vessie urinaire, et donc associé à deux méridiens (un Yang et un Yin). Cet élément de l’eau est important car il est lié au Jing qui est stocké dans les reins.
Quand on fait une pose de Yin Yoga, on va d’abord cibler un groupe musculaire. C’est à travers un groupe musculaire et ses fascias qui enveloppent ce muscle que le méridien va passer. C’est comme cela que l’on peut coupler une pratique posturale avec un système énergétique. Par exemple, dès que l’on va faire une flexion avant, on va être dans l’élément de l’eau, puisque l’on va solliciter les ischios-Jambier et érecteurs du rachis. Ces derniers sont les portes d’entrées principales pour l’élément de l’eau.
Le YIN YOGA ET LES MÉRIDIENS
Dans la compréhension du réseau énergétique chinois, il y a souvent des erreurs qui sont commises, surtout en lien avec le Yin Yoga. Nous avons tous vu un poster qui décrit les lignes des méridiens sur le corps humain. Or cette information n’est pas complète car l’approche du réseau énergétique chinois est multidimensionnelle : elle est basée sur 3 couches, 3 profondeurs d’analyse. C’est une erreur de ne retenir que la ligne (meridien) qui est en surface quand on l’associe à un asana (posture). Car la ligne qui est en surface est ce que l’on appelle le méridien primaire, aussi appelé dermal, sur lequel on pratique l’acupuncture. Ce méridien peut être stimulé à l’aide de pressions, de massage Tui Na ou Shiatsu, ou à travers l’application d’aiguilles d’acupuncture, mais pas à travers les postures de yoga. Si on veut stimuler le réseau énergétique chinois à travers les postures de Yoga, il ne faut pas seulement poser son intention sur le méridien primaire (dermal), mais aussi sur la couche en dessous : ce que l’on appelle le méridien musculaire, musculo-tendineux, ou myofascial. En Yin Yoga, on étire les muscles et les tissus conjonctifs : on vient donc toucher à cette seconde profondeur qu’on appelle les méridiens musculo-tendineux ou les méridiens myofasciaux. La troisième couche est constituée des méridiens dits divergents ou viscéraux. Le méridien divergent est une branche de ce réseau qui va aller directement dans l’organe et nourrir l’organe de façon énergétique. Mais les organes sont plutôt difficiles d’accès et difficiles à isoler.
CONCLUSION SUR LES MÉRIDIENS ET LA MÉDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE
En yoga, on s’intéresse donc à la seconde couche : le méridien musculo-tendineux. Or, la nomenclature de la seconde couche est différente de celle de la première couche. Pour reprendre l’exemple du méridien du rein, celui-ci s’exprime davantage à l’arrière du corps et se situe le long de la colonne vertébrale, et non à l’avant du corps comme la première couche décrite sur les tableaux d’acupuncture. Il est important d’aborder la théorie des méridiens de façon globale dû au caractère multidimensionnel de ce réseau énergétique afin d’éviter la confusion et les erreurs, il y a beaucoup d’idées fausses et de mauvaises interprétations quant la pratique de Yoga postural est associée à la MTC.
Sebastian et Murielle proposent des formations de 50h, 7 jours en immersion avec un programme complet sur l’association du Yin Yoga et la médecine chinoise à travers la pensée taoïste.
Retrouvez les dates des prochaines formations Yin Yoga Module 2 : Méridiens, Médecine Chinoise et Taoisme qui auront lieu à Paris et à Aix en Provence.
Découvrez également l’article sur l’approche fonctionnelle en Yin Yoga où Sébastien et Murielle explique leur point de vue sur les particularités anatomiques en Yin Yoga et notamment la variation squelettique.